Sous une éclaircie automnale, le maire de Taintrux, Pierre Chachay, et son conseil municipal avaient convié la population, le samedi 28 septembre 2024, à honorer la mémoire des combattants de 1914 lors du 110ᵉ anniversaire des affrontements meurtriers qui marquèrent la région.

La cérémonie s’était ouverte au chemin de la Scierie Fouriotte, à Rougiville, où habitants associations patriotiques et élus s’étaient rassemblés. À 10h30, un hommage solennel avait été rendu au capitaine Blanchard et à ses canonniers. Officier tombé au tout début du conflit, Jean Blanchard avait laissé à travers ses carnets et lettres un témoignage poignant des premiers combats de 1914. Ses hommes, épuisés par des journées de fusillades et de bombardements, avaient résisté dans les tranchées vosgiennes avant d’être contraints à de douloureux replis. Arrêté, jugé hâtivement pour « abandon de poste », Blanchard fut exécuté le 4 décembre 1914 avec cinq de ses camarades. Tous furent réhabilités quelques années plus tard, en 1921, leur mémoire rétablie après la guerre. Leur souvenir reste associé à ces soldats d’artillerie que l’on surnommait « canonniers », tombés pour la défense du territoire vosgien.

le cortège se rendit au   col d’Anozel, où un autre hommage avait été rendu à la figure du grand rabbin Abraham Bloch. Né en 1859, rabbin de Remiremont puis grand rabbin d’Alger et de Lyon, il s’était engagé comme aumônier militaire israélite. Le 29 août 1914, alors qu’il se portait au secours d’un soldat mourant, il fut frappé à mort par des éclats d’obus. La tradition veut qu’il ait tendu un crucifix à ce soldat, croyant répondre à son dernier souhait. Ce geste de fraternité universelle, au-delà des confessions, fit de lui l’un des symboles de la solidarité entre croyants au cœur de la guerre. Sa mort, près d’Anozel, valut à Bloch d’être reconnu « Mort pour la France ». Un monument commémoratif sur le col rappelle encore aujourd’hui son sacrifice.

Puis les autorités avaient pris la parole pour rappeler combien ces figures incarnaient à la fois la douleur et l’espérance de la Grande Guerre. La cérémonie s’était conclue à midi autour d’un vin d’honneur